Conjoncture financière à fin juin 2025
Droits de douane et croissance ….
Alors que se clarifient quelque peu les conditions auxquelles les produits étrangers vont rentrer sur le territoire américain, l’activité du second trimestre semble déjà s’adapter à cette nouvelle donne. Les résultats, encore éloignés des scénarii catastrophe que certains pouvaient élaborer, ébauchent des perspectives plus décevantes aux Etats-Unis, à l’initiative de ce grand changement. La croissance, 2,4 % l’an, très supérieure à celle du premier trimestre au cours duquel la dégradation du solde extérieur avait entrainé l’activité en territoire négatif, masque un affaiblissement de la demande domestique, clé de voute du modèle américain. Ainsi, l’investissement privé, tant du côté résidentiel, qui continue à souffrir de taux élevés, que du côté productif plus sensible à l’incertitude, affiche un repli quand la consommation privée reste sur la défensive. Les récents résultats du marché du travail ne vont probablement pas atténuer cette prudence des consommateurs. En zone euro, la performance trimestrielle ne provoque pas de débat. En hausse de 0,4 % annualisée, elle subit un naturel ajustement après l’envolée des exportations de biens du premier trimestre.
Les résultats plus détaillés de la France et de l’Espagne sont contrastés. Dans le premier cas, la reconstitution des stocks en constitue le principal pilier, dans le second, la consommation privée y reste vigoureuse. La baisse de l’inflation, une politique monétaire plus accommodante de la banque centrale européenne sont les deux précieux leviers de l’activité dans cette zone. Ils pourraient continuer à participer à un rebond de la demande domestique sur la seconde partie de l’année.
La guerre commerciale menée par la nouvelle administration Trump n’a pas encore entamé la progressive reprise dans l’Union Européenne après le choc inflationniste de 2023. Le recentrage des politiques économiques sur la demande domestique, comme c’est le cas du programme du nouveau gouvernement allemand, ne corrigera pas les risques qui menacent la dynamique du commerce extérieur…. Au mieux en atténuera-t-il les effets.
L’annonce triomphale de Donald Trump sur l’accord commercial avec l’Union Européenne n’est que le début d’un processus qui laisse de nombreuses questions en suspens…. Le sort des produits pharmaceutiques ou des semi-conducteurs, les éventuels quotas imposés sur des importations sensibles, acier et automobiles…. Quant aux contreparties d’un accord « moins coûteux » que les menaces de D. Trump», elles se déclinent dans des engagements encore imprécis en matière d’investissements, 600 Mds $, ou d’achats de gaz et autres combustibles américains, 750 Mds $ sur 3 ans.
A la fin de ce premier semestre, un certain soulagement semble émerger de la publication des performances économiques de la période. Dans un premier temps, le reflux de l’inflation et les politiques économiques menées dans l’UE sont des soutiens incontestés qui lui permettent de résister aux vents contraires de la nouvelle donne imposée par les Etats-Unis. La reconfiguration de ses échanges au profit de nouveaux partenaires dans un second temps lui offrira l’occasion de retrouver une capacité de négociation qui lui a ici cruellement manqué.
Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire.
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