Conjoncture financière à fin septembre 2025

L’Union Européenne entre le marteau américain et l’enclume chinoise

En dépit de la multiplication des revers auxquels les économies ont été confrontées à diverses reprises au cours de l’exercice 2025, la croissance mondiale aura été soutenue par une vague de désinflation qui a constitué le dénominateur commun d’une résilience inattendue. La Zone Euro est probablement l’une des régions où ce processus est le plus abouti, libérant une marge de détente de la politique monétaire. La Banque Centrale européenne, bien en avance sur les Etats-Unis, a procédé en quelques mois seulement à 8 baisses successives, ramenant son principal taux d’intervention à 2 %, niveau proche de celui de l’inflation, laissant néanmoins à ce jour une modeste marge pour une nouvelle phase de détente.

La guerre commerciale entamée par les Etats-Unis avec le reste du monde a aussi été un moment de rudes négociations des intérêts européens avec la Commission. Si elles ont abouti à la signature d’un accord en août 2025, il n’en est pas moins toujours insatisfaisant et plus encore toujours instable. Ainsi a-t-il été à nouveau menacé de durcissement par le président américain dans le domaine de la pharmacie. Ce dernier n’a pas non plus hésité à brandir ces droits pour contraindre l’Union à assouplir les normes qui encadrent notre marché domestique de l’Intelligence Artificielle.

Les autres partenaires des Etats-Unis s’adaptent à leur tour aux conséquences de la guerre commerciale et peu sont épargnés. Si la Chine y apporte des réponses frontales en durcissant à son tour ses droits sur les produits américains, en resserrant ses contrôles sur les terres rares et ses produits dérivés, elle cherche en même temps de nouveaux marchés. L’UE, son second partenaire en matière d’exportations, est une des principales destinations vers lesquelles elle cherche à écouler ses excédents. Que ce soit sur les véhicules électriques, plus récemment sur les importations d’acier ou les petits colis, l’UE n’a trouvé à ce jour que des réponses au cas par cas, et toutes très éloignées des enjeux d’une profonde reconfiguration du commerce et des industries.

Prise entre le marteau des droits de douane américains et l’enclume des exportations chinoises, l’UE est affaiblie, à la recherche d’une stratégie qui fasse consensus auprès de tous les partenaires de l’Union. Quelques suggestions se concentrent sur une liste élargie de produits sous surveillance, d’autres sur des mesures protectionnistes à l’égard des marchés publics. L’Union des marchés de capitaux (UMC), qui rendrait plus efficace l’allocation de notre épargne pour accélérer la réindustrialisation tant attendue et tellement nécessaire de l’Union Européenne, peut constituer un projet de moyen terme qui limiterait aussi le champ sur lequel les pressions, qu’elles viennent des Etats-Unis ou de la Chine, s’exercent. La remilitarisation de l’UE est un premier test déjà écorné par des dissensions. D’autres projets européens dans l’exploitation de l’IA, la transition énergétique et climatique, nous exonèreraient aussi de la seule alternative du marteau ou de l’enclume.

Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire.

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