Conjoncture financière à fin décembre 2018

Pas encore d’éclaircies sur 2019.

De prévisions en révisions, les doutes sur les perspectives économiques se diffusent à l’ensemble de l’économie mondiale, de l’Asie à l’Europe en passant par l’Amérique. Les tensions commerciales initiées par les Etats-Unis contre leurs partenaires en Amérique latine, en Asie mais aussi en Europe ont été le déclencheur de ce retournement de cycle même si les indicateurs d’activité avaient déjà passé leur point haut dans les grandes zones économiques. Seuls les Etats-Unis continuaient à aligner des performances en phase avec les prévisions. Le conflit engagé par Mr Trump avec son administration depuis un mois pourrait conduire à des révisions outre-Atlantique aussi.

 

En zone euro, l’ombre du Brexit instille depuis des mois un climat de défiance. Dès mars 2018, les élections en Italie, 3ème économie de l’Union, suivies de la difficulté à former un gouvernement ont affecté les conditions économiques et financières de la zone. Les petits pays du sud de l’Europe ont plutôt bien évité la contagion sur les coûts de financement découlant des pressions sur la dette italienne. L’affaiblissement de Mme Merkel depuis les élections de septembre 2017, la crise sociale en France depuis novembre ont ajouté une dose supplémentaire de défiance politique et sociale avant les élections européennes. Ce malaise ne contribue pas à favoriser de nouveaux projets au sein de la zone euro même si, depuis la crise de 2011, de nombreux aménagements sur son fonctionnement ont été mis en place, particulièrement dans le cadre de la loi bancaire. Dans ce contexte politique plus éparpillé, la croissance pâlit à son tour.
Sur le dernier trimestre 2018, elle a affiché un niveau de 0,6 % annualisé contre plus de 1,7 % au cours du précédent trimestre. Deux grands pays de l’Union affichent une croissance en recul. L’Allemagne, -0,8 % et l’Italie, -0,5 %. La croissance française fait figure d’exception en hausse de 1,3 % l’an sur la période.

 

Si, sur l’année elle flirte comme attendu avec 2 % dans la zone, c’est sur 2019 que l’incertitude plane à présent. Les autorités allemandes ont revu en forte baisse la croissance outre-Rhin qui reviendrait sous sa tendance de long terme autour de 1 %. Le Brexit mais plus encore la guerre commerciale avec les Etats Unis et le ralentissement de l’économie chinoise exposent l’économie rhénane et son secteur clé de l’automobile. La croissance de l’Italie ne dégagera guère plus de 0,6 % et si le gouvernement français n’a pas encore revu sa copie, attendant une croissance de 1,7 % sur l’année, le risque baissier sur ces prévisions est malheureusement réel.
Ce contexte économique plus morose s’accompagne toujours d’un environnement de prix et de taux encore opportun pour les acteurs économiques. Mais, sans plus de volontarisme politique et social, ils continueront à faire le choix de la prudence en épargnant un peu plus et en reportant leurs projets.
 

Brigitte Troquier – Economiste BRED Banque Populaire