Marchés financiers au 1er semestre 2017

« Parachever l’Union économique et Monétaire »

Depuis le résultat des élections Présidentielles et Législatives françaises,  un vent d’optimisme s’est levé sur la zone euro.

Les craintes de repli sur soi, qui avaient menacé l’Union avant les  élections aux Pays-Bas puis en France, se sont éloignées et, dans l’attente de celles qui se préparent pour le mois de septembre en Allemagne, l’approfondissement de l’Union est relancé.

Depuis la phase de récession de 2008 et son apogée en 2010, marquée par la crise de la dette et la menace d’éclatement de l’Union, son architecture s’est renforcée. De nouveaux outils ont été conçus pour apporter une assistance financière d’urgence aux états (le Mécanisme Européen de Stabilité a été un premier aboutissement), puis pour encadrer le secteur bancaire. L’Union Bancaire en 2012 est venue consolider cet édifice. Bien qu’encore imparfaite, elle a progressivement doté l’Union d’une infrastructure de supervision et de résolution des faillites bancaires dans un cadre qui écarte la mise à contribution des états en cas d’éventuel défaut.

En matière de budget européen, les chantiers identifiés d’une convergence de la politique économique et une attention portée aux effets agrégés des choix politiques nationaux sont revenus à l’ordre du jour, au même titre que les questions en matière de politique salariale et fiscale. Des règles prudentielles ont été normalisées, mais cet ensemble de mesures est encore insuffisant pour achever l’Union.

De nouvelles avancées s’imposent à présent qui ne peuvent pas faire l’économie d’une clarification sur ce que les pays membres veulent faire de la zone euro et plus largement de l’Union. Les questions de gouvernance y tiennent une place centrale, telles que le rôle renforcé du Parlement Européen et, pour aller plus loin, celui du Ministre des Finances.

L’effervescence sur ces sujets renaît à l’occasion du soixantième anniversaire de l’Europe mais bien plus encore, à un moment où, au sortir d’une crise majeure, nombre de scrutins démocratiques ont renouvelé leur souhait d’aller plus loin sur la voie de l’Union.

Sans aucun doute, ces propositions vont affronter de nouvelles exigences de la part de Francfort, particulièrement en matière de maîtrise des dépenses publiques de ses partenaires. Le moment paraît approprié alors que les négociations sur le Brexit, dans une conjoncture continentale plus favorable, sont l’occasion d’élargir le champ des réformes dans une Union plus résistante.

Brigitte Troquier – Economiste BRED Banque Populaire

Marchés financiers au 1er trimestre 2017

« Du consensus économique à plus d’incertitudes politiques »

A la veille d’élections dont le résultat est incertain, tant en France que plus tard dans l’année en Allemagne, les indicateurs d’activité continuent sur leur lancée : les enquêtes avancées auprès des chefs d’entreprises et des ménages se redressent depuis plusieurs mois déjà à l’instar de l’enquête PMI menée auprès des chefs d’entreprises dans les services et l’industrie.
Dans la zone, cette dernière progresse régulièrement depuis août 2016, se diffusant à l’ensemble des pays de l’Union. Elle s’accompagne d’un repli régulier du chômage qui, à 9,5% en février, s’éloigne un peu plus encore de la barre des 10 %, au-delà de laquelle il s’était installé depuis 2009. Il baisse encore en Allemagne à 5,8 % à fin mars 2017.
Si tous ses voisins n’affichent pas une telle performance, aucun en revanche ne reste à la traîne de cette amélioration. L’Espagne, qui, au pire de la crise, avait souffert d’un chômage de plus de 26 % jouit, depuis plusieurs mois, d’une embellie économique qui se traduit par une baisse de plus de 7 points de ce taux, aidée par des réformes mises en place dès 2013.
En France, l’embellie est plus récente et le mouvement plus incertain. Les réformes récentes n’ont pas encore stabilisé la trajectoire de l’emploi. En 2016, la dynamique des créations d’emplois s’est concentrée sur les segments bénéficiant des allègements des charges dans des secteurs spécifiques des services et de l’intérim. Ces mesures ont néanmoins contribué à une moindre hausse du coût du travail unitaire, dans l’industrie notamment (+0,9 %, contre +1,8 % en moyenne dans la zone euro et plus de 3 % en Allemagne), restaurant ainsi une part de la compétitivité coût.
Mais, la période d’incertitude politique qui s’ouvre et qui pourrait conduire à de nouveaux choix économiques, laisse craindre une nouvelle phase d’attentisme des entreprises. Pourtant, l’amélioration de leurs marges, leur capacité à renforcer leur part de marché dans un contexte de financement toujours attractif sont une triade d’atouts rarement réunis au cours des dernières années pour soutenir l’investissement. Il serait dommage que la séquence politique vienne entraver ce mouvement.

Edito de Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire
(avril 2017)

Les marchés financiers à janvier 2017

« 2017, plus de croissance et plus de politique pour animer les marchés »

La fin d’année 2016 a délivré des indicateurs économiques mieux orientés, confortant un scénario de croissance plus homogène en 2017.

En effet, la remontée du prix du pétrole et des matières premières en général a constitué un point de retournement au profit de perspectives plus favorables. D’une part, elle écarte le scénario de récession persistante qui pesait sur nombre d’économies émergentes très exposées au marché des matières premières. D’autre part, elle redonne une marge de manoeuvre aux politiques monétaires qui avaient souvent atteint des limites en matière de mesures efficientes.
La perspective d’une sortie de récession en Russie, de la reprise en main de l’économie brésilienne, malgré des mesures budgétaires drastiques, permettent de dégager l’horizon économique du monde émergent.
Aux Etats-Unis, l’arrivée de Mr Trump à la Maison Blanche a modifié la perception des américains sur leur économie. Si d’une part, chefs d’entreprises et ménages ont plutôt bien accueilli les baisses d’impôts et autres promesses budgétaires, Mme Yellen et la Banque Centrale américaine vont rester vigilantes face aux éventuels risques de surchauffe qui pourraient accompagner la mise en œuvre de ces mesures.
Mais c’est en Europe que des processus électoraux d’importance vont, tout au long de l’année, ponctuer les évolutions économiques et probablement questionner les investisseurs au fil des sondages et autres déclarations.
Malgré un contexte monétaire qui sera moins accommodant en matière de financement, malgré le rebond des prix, les indicateurs de confiance des chefs d’entreprises culminent à des niveaux élevés, le marché du travail dans sa globalité est plus dynamique. Le taux de chômage est passé sous la barre symbolique de 10 % et poursuit sa décrue dans tous les pays.
Tous ces ingrédients devraient alimenter une consommation encore solide. La croissance flirtera avec un niveau proche de 1,9 % en zone euro, mais des différences significatives entre les pays vont persister. Comme nous l’avons déjà constaté au cours des derniers mois, elles se traduiront par des écarts de rendement sur les actifs, tant dans le monde des actions que dans celui de l’obligataire. Et si les évènements politiques de 2016 n’ont finalement pas encore eu de résonance significative sur les marchés financiers, l’accumulation de moments politiques en 2017 et les nouvelles réalités économiques qui vont se concrétiser tant au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis seront sans aucun doute l’occasion d’opportunités et d’arbitrages à saisir sur tous les segments de marchés.