Conjoncture financière à fin décembre 2017

« Une bonne nouvelle peut en cacher…une autre »

Depuis le début de l’année, il ne se passe pas une journée sans que les investisseurs n’aient une raison au moins de se satisfaire de la conjoncture économique.
Si, depuis plusieurs mois déjà, les indicateurs avancés ou les enquêtes étaient largement passés en territoire positif, au moment du bilan, plus aucun doute ne peut persister sur le fait que la croissance est de retour et bien installée. Elle l’est Outre Atlantique depuis plusieurs années déjà puisque 2017 sera la huitième année de hausse du PIB, éloignant un peu plus l’économie américaine de la crise de 2008/2009.

La trajectoire de sortie a été plus périlleuse en Europe et en zone euro en particulier. Il aura fallu une rechute en 2011 avant que ne se dessine timidement un début de reprise qui ne s’est que récemment diffusé à l’ensemble des pays de la zone. A présent même l’Italie, en retard sur ses voisins, affiche un bilan positif.

De ce fait, la croissance dans la zone euro s’est accélérée à 2,5 % en 2017 après 1,8 % en 2016. Si la France se situe en dessous, avec un rebond de 1,9% seulement, elle fait cependant nettement mieux que l’année précédente. Par ailleurs, sa dynamique, une fois n’est pas coutume, a été alimentée avant tout par le renfort de l’investissement, qu’il soit résidentiel ou productif, et dont la contribution a été plus élevée que celle de la consommation privée. Cette accélération récente devrait se poursuivre en 2018. En effet, les chefs d’entreprises dénoncent de plus en plus fréquemment leurs difficultés de recrutement et l’appareil de production a déjà dépassé de 3 points son niveau moyen de long terme en termes d’utilisation. Le retard pris au cours des années de crise pourrait aussi se traduire par un rattrapage qui continuera à alimenter ce poste en 2018. Alors que les craintes longtemps se sont focalisées sur une demande atone, c’est à présent sur les capacités de l’offre à y répondre que se concentrent les interrogations. Ces contraintes risquent de se traduire par un peu plus de pressions sur les prix et les salaires. Mais finalement ce serait là aussi une bonne nouvelle pour réveiller les dépenses des ménages en 2018

Brigitte Troquier – Economiste BRED Banque Populaire

Marchés financiers au 1er semestre 2017

« Parachever l’Union économique et Monétaire »

Depuis le résultat des élections Présidentielles et Législatives françaises,  un vent d’optimisme s’est levé sur la zone euro.

Les craintes de repli sur soi, qui avaient menacé l’Union avant les  élections aux Pays-Bas puis en France, se sont éloignées et, dans l’attente de celles qui se préparent pour le mois de septembre en Allemagne, l’approfondissement de l’Union est relancé.

Depuis la phase de récession de 2008 et son apogée en 2010, marquée par la crise de la dette et la menace d’éclatement de l’Union, son architecture s’est renforcée. De nouveaux outils ont été conçus pour apporter une assistance financière d’urgence aux états (le Mécanisme Européen de Stabilité a été un premier aboutissement), puis pour encadrer le secteur bancaire. L’Union Bancaire en 2012 est venue consolider cet édifice. Bien qu’encore imparfaite, elle a progressivement doté l’Union d’une infrastructure de supervision et de résolution des faillites bancaires dans un cadre qui écarte la mise à contribution des états en cas d’éventuel défaut.

En matière de budget européen, les chantiers identifiés d’une convergence de la politique économique et une attention portée aux effets agrégés des choix politiques nationaux sont revenus à l’ordre du jour, au même titre que les questions en matière de politique salariale et fiscale. Des règles prudentielles ont été normalisées, mais cet ensemble de mesures est encore insuffisant pour achever l’Union.

De nouvelles avancées s’imposent à présent qui ne peuvent pas faire l’économie d’une clarification sur ce que les pays membres veulent faire de la zone euro et plus largement de l’Union. Les questions de gouvernance y tiennent une place centrale, telles que le rôle renforcé du Parlement Européen et, pour aller plus loin, celui du Ministre des Finances.

L’effervescence sur ces sujets renaît à l’occasion du soixantième anniversaire de l’Europe mais bien plus encore, à un moment où, au sortir d’une crise majeure, nombre de scrutins démocratiques ont renouvelé leur souhait d’aller plus loin sur la voie de l’Union.

Sans aucun doute, ces propositions vont affronter de nouvelles exigences de la part de Francfort, particulièrement en matière de maîtrise des dépenses publiques de ses partenaires. Le moment paraît approprié alors que les négociations sur le Brexit, dans une conjoncture continentale plus favorable, sont l’occasion d’élargir le champ des réformes dans une Union plus résistante.

Brigitte Troquier – Economiste BRED Banque Populaire

Marchés financiers au 1er trimestre 2017

« Du consensus économique à plus d’incertitudes politiques »

A la veille d’élections dont le résultat est incertain, tant en France que plus tard dans l’année en Allemagne, les indicateurs d’activité continuent sur leur lancée : les enquêtes avancées auprès des chefs d’entreprises et des ménages se redressent depuis plusieurs mois déjà à l’instar de l’enquête PMI menée auprès des chefs d’entreprises dans les services et l’industrie.
Dans la zone, cette dernière progresse régulièrement depuis août 2016, se diffusant à l’ensemble des pays de l’Union. Elle s’accompagne d’un repli régulier du chômage qui, à 9,5% en février, s’éloigne un peu plus encore de la barre des 10 %, au-delà de laquelle il s’était installé depuis 2009. Il baisse encore en Allemagne à 5,8 % à fin mars 2017.
Si tous ses voisins n’affichent pas une telle performance, aucun en revanche ne reste à la traîne de cette amélioration. L’Espagne, qui, au pire de la crise, avait souffert d’un chômage de plus de 26 % jouit, depuis plusieurs mois, d’une embellie économique qui se traduit par une baisse de plus de 7 points de ce taux, aidée par des réformes mises en place dès 2013.
En France, l’embellie est plus récente et le mouvement plus incertain. Les réformes récentes n’ont pas encore stabilisé la trajectoire de l’emploi. En 2016, la dynamique des créations d’emplois s’est concentrée sur les segments bénéficiant des allègements des charges dans des secteurs spécifiques des services et de l’intérim. Ces mesures ont néanmoins contribué à une moindre hausse du coût du travail unitaire, dans l’industrie notamment (+0,9 %, contre +1,8 % en moyenne dans la zone euro et plus de 3 % en Allemagne), restaurant ainsi une part de la compétitivité coût.
Mais, la période d’incertitude politique qui s’ouvre et qui pourrait conduire à de nouveaux choix économiques, laisse craindre une nouvelle phase d’attentisme des entreprises. Pourtant, l’amélioration de leurs marges, leur capacité à renforcer leur part de marché dans un contexte de financement toujours attractif sont une triade d’atouts rarement réunis au cours des dernières années pour soutenir l’investissement. Il serait dommage que la séquence politique vienne entraver ce mouvement.

Edito de Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire
(avril 2017)